Coureurs et randonneurs: il faut boire beaucoup, souvent et avant d’avoir soif. Vraiment?
Publié le : 2022-06-21
par Émilie Gagnon-Hamel, physiothérapeute
Avec le retour de la belle saison, êtes-vous de ceux et celles qui ont chaussé leurs espadrilles de course? Débuté un programme d'entraînement ou planifié de longues randonnées en forêt? Si oui, que buvez-vous, quelle quantité et pourquoi?
Que vous soyez adepte de la course ou de la rando, la question vitale de l’hydratation revient constamment, accompagnée de ses mythes et de ses fausses croyances.
Au fil du temps, plusieurs courants de pensées ou « modes » ont influencé la quantité et la nature de ce que nous buvons. Certaines études ont longtemps suggéré qu’il était préférable de boire une boisson aux électrolytes et de suivre un plan d’hydratation nous indiquant quelle quantité boire et à quel moment… On entendait souvent que lorsque nous avions soif, il était trop tard... le mal était fait, nous étions déjà déshydratés!
Plusieurs de ces études étaient cependant financées et biaisées par des compagnies fabriquant des boissons aux électrolytes, telles que Gatorade. Elles avaient donc avantage à en vendre en grande quantité!
Ainsi, nos choix sont-ils influencés par la commercialisation de certains produits “hydratants et énergisants”. Faut-il vraiment calculer une quantité de liquide à absorber et respecter une fréquence? Et l’eau est-elle suffisante?
Si on se fie aux dernières études les mieux menées sur l’hydratation: probablement.
Ceux qui sont adeptes des chiffres seront malheureusement déçus. On ne vous parlera pas de viser 8 verres d’eau par jour ou d’un nombre minimum de millilitres de liquide par heure à absorber pendant l’effort.
Les besoins en eau d’un individu pendant une activité sportive sont influencés par plusieurs facteurs:
- la température ambiante et l'humidité
- l’intensité et la durée de l’effort
- les caractéristiques internes de l’individu (sexe, taille et poids, état de santé, adaptation face aux conditions, niveau d’hydratation au départ, etc.)
On vous enseignera plutôt que la surconsommation de liquide peut engendrer plus de problèmes de santé que la sous-consommation. En effet, la baisse du taux de sodium dans le sang (l’hyponatrémie d’effort) est l’élément à surveiller lorsqu’on boit une quantité excessive de liquide (incluant les boissons aux électrolytes) pendant un effort sur une période donnée.
L’humain marche et court depuis ses débuts, sur de très grandes distances. Cependant, les boissons aux électrolytes ainsi que les plans d’hydratation font plutôt partie de notre monde moderne... alors que pouvons-nous en conclure?
Les plus récentes études non financées par le marketing de la course suggèrent plutôt de comprendre et de se fier aux signaux de notre corps afin de boire lorsque nous avons soif! Notre corps est intelligent et si nous écoutons bien ses messages, il nous dira quand, quoi et combien boire tout simplement!
De plus, les boissons aux électrolytes ne sont pas obligatoires. Apprenez à connaître vos goûts pendant l’effort et vous aurez vos réponses concernant la quantité, la fréquence et la nature des breuvages à consommer.
Nous devons déboulonner les mythes et fausses croyances qui influencent encore nos habitudes d’hydratation. Lorsque vous partez courir ou faire une randonnée, assurez-vous d’avoir accès à suffisamment de liquide et laissez votre corps vous guider pour la fréquence et la quantité.
Voilà le consensus d’experts: boire à sa soif. Rappelons-nous que l’humain marche et court depuis ses débuts! Votre corps sait quoi faire, il faut simplement l’écouter.
Que vous fassiez du sport de façon récréative ou compétitive, n’hésitez pas à discuter d'hydratation et d'alimentation avec vos professionnels de la santé, dont les membres de l’équipe de Physiothérapie Biokin.