
Fracture de stress: quand l’os atteint sa limite
Publié le : 2025-04-22
par Mathieu Côté, physiothérapeute
Vous avez récemment commencé à courir ou vous avez intensifié votre entraînement…
Et voilà que vous ressentez une douleur persistante au niveau de votre tibia, de votre pied ou même de votre hanche. Rien d’aigu, pas de chute ou de faux mouvement marquant, mais la douleur s’installe... Et si c’était une fracture de stress?
De stress, vous me dites?
Bien non, le stress psychologique ne cause pas directement de fracture, mais le stress physique répété, oui!
Qu’est-ce qu’une fracture de stress?
Une fracture de stress, c’est une microfissure dans un os, causée par une accumulation répétée de charges mécaniques. Contrairement à une fracture traumatique due à un choc unique, la fracture de stress résulte d’un déséquilibre entre la charge imposée à l’os et sa capacité à s’adapter.Lorsque nous faisons de l’exercice, nos os subissent des stress mécaniques. C’est tout à fait normal et même bénéfique : cela stimule leur renforcement. C’est d’ailleurs par l’absence de ce processus de remodelage osseux que les os des astronautes s’affaiblissent en situation d’apesanteur.
Mais avec tous les stress physiques que notre corps vit, il peut par moment dire stop: si la récupération n’est pas suffisante ou que la progression est trop rapide, l’os n’a pas le temps de se reconstruire. Résultat: des dommages aux tissus de l’os peuvent apparaître sous forme de fissures.
Il s’agit d’une blessure insidieuse mais fréquente, surtout chez les marcheurs, les coureurs, les danseurs, les militaires et les adeptes de sports d’endurance.
Les signes à surveiller
Le symptôme le plus courant est une douleur localisée, souvent sourde au début, qui augmente avec l’activité physique et diminue au repos. Avec le temps, la douleur peut devenir plus constante, voire présente même sans activité.Les sites osseux les plus courants sont:
-Tibia
-Les os du pied, particulièrement les métatarses
-Col du fémur
-Fibula (péroné)
-Les os du pied, particulièrement les métatarses
-Col du fémur
-Fibula (péroné)
Comment la reconnaître?
La douleur typique d’une fracture de stress est progressive: elle commence subtilement, pendant ou après l’activité physique, puis s’intensifie au fil du temps. Au début, elle disparaît au repos, mais peut finir par persister même au quotidien.Il s’agit d’une douleur localisée, qu’on peut souvent déclencher par une palpation ciblée. Contrairement à une douleur musculaire diffuse, celle-ci est précise, souvent pointue.
Pourquoi cela arrive-t-il?
Le point central du développement d’une fracture de stress, c’est la charge mécanique appliquée à l’os. Si la charge dépasse la capacité de récupération, on entre dans la zone de danger. Plusieurs facteurs peuvent favoriser l’apparition d’une fracture de stress:
-Erreur de dosage ou de progression d'entraînement: augmentation trop rapide du volume ou de l’intensité
-Chaussures inadaptées: choix inadéquat pour soi ou usure excessive
-Surface d'entraînement: terrain dur ou incliné
-Carences nutritionnelles: calcium, vitamine D, apport énergétique insuffisant
-Troubles hormonaux: notamment chez les femmes (ex. : aménorrhée)
-Problèmes biomécaniques: désalignement, faiblesse musculaire, instabilité articulaire, mauvaise technique
-Chaussures inadaptées: choix inadéquat pour soi ou usure excessive
-Surface d'entraînement: terrain dur ou incliné
-Carences nutritionnelles: calcium, vitamine D, apport énergétique insuffisant
-Troubles hormonaux: notamment chez les femmes (ex. : aménorrhée)
-Problèmes biomécaniques: désalignement, faiblesse musculaire, instabilité articulaire, mauvaise technique
Chez les femmes, le trio incluant troubles menstruels, troubles alimentaires et faible densité osseuse est un facteur de risque important à ne pas négliger, encore plus s’il y a des antécédents de fractures de stress.
Diagnostiquer une fracture de stress
Une simple radiographie est souvent insuffisante, surtout en phase précoce. Le TACO ou encore mieux l’IRM devient l’outil de choix pour confirmer le diagnostic: elle permet de visualiser l’œdème osseux, signe précurseur de la fracture. Ce stade est réversible avec une prise en charge rapide, avant que l’os ne se fissure réellement.
Et maintenant, que faire?
Repos relatif immédiat
Il faut cesser toute activité qui provoque la douleur. Selon la localisation et la gravité, cela peut durer de 4 à 12 semaines. Certaines fractures nécessitent l’utilisation d’une botte de décharge ou même des béquilles.
Garder le corps actif autrement
On peut souvent maintenir une forme d’exercice en faisant un transfert vers une activité aérobique sans impact (vélo stationnaire, natation, musculation ciblée) pour éviter le déconditionnement physique.
Physiothérapie ciblée
Le rôle du physiothérapeute est crucial:
-Réduire la douleur
-Optimiser la guérison
-Corriger les erreurs mécaniques ou techniques
-Réintroduire progressivement la charge
-Travailler la mobilité, la stabilité, la force et le contrôle moteur
-Optimiser la guérison
-Corriger les erreurs mécaniques ou techniques
-Réintroduire progressivement la charge
-Travailler la mobilité, la stabilité, la force et le contrôle moteur
Reprise du sport: graduelle et stratégique
Un retour prématuré ou mal planifié peut mener à une rechute. L’objectif est de réintroduire les impacts de manière progressive, en surveillant étroitement les symptômes.
Prévenir plutôt que guérir
La meilleure façon de gérer une fracture de stress, c’est de l’éviter. Voici les quelques clés du succès en prévention:-Opter pour une progression intelligente: respecter les principes d’adaptation tissulaire et de quantification du stress mécanique enseignés par votre physiothérapeute chez Biokin.
-Varier les surfaces et les types d’entraînement (impact vs sans impact).
-Renforcer le corps globalement, pas seulement les muscles utilisés dans votre sport principal.
-Adopter une alimentation complète et suffisante, incluant tous les nutriments nécessaires à la santé osseuse.
-Écouter les signaux du corps: une douleur persistante n’est jamais “normale”.
-Consulter un professionnel si vous avez des douleurs récurrentes ou une biomécanique atypique.
-Écouter les signaux du corps: une douleur persistante n’est jamais “normale”.
-Consulter un professionnel si vous avez des douleurs récurrentes ou une biomécanique atypique.
La fracture de stress n’est pas un signe de faiblesse, mais elle est un signal clair que le corps a été poussé au-delà de sa capacité d’adaptation.
Votre corps est peut-être en train de vous dire: “Je n’ai pas eu le temps de m’adapter.” :(
Elle nous rappelle l’importance d’un entraînement progressif, d’un bon encadrement et d’une écoute attentive de nos signaux corporels. En comprenant mieux les mécanismes en jeu, on peut non seulement guérir efficacement, mais surtout prévenir cette blessure sournoise.
Si vous ressentez une douleur osseuse inhabituelle et persistante, n’attendez pas. Consultez pour une prise en charge rapide et efficace, cela peut faire toute la différence!