Divers problèmes d’épaule pendant les plaisirs d’hiver
Publié le : 2020-12-12
par Mathieu Côté, physiothérapeute
L’hiver cogne à nos portes et les vacances du temps des Fêtes arrivent... enfin!
Que ce soit pour vos travaux saisonniers ou vos activités sportives/récréatives, quoi de mieux que de prendre une bonne bouffée d’air frais, de profiter de la neige et des joies de l’hiver. Nous sommes au Québec, nous habitons une ville nordique après tout!
Mais qui dit hiver dit aussi pelletage, chute potentielle sur la glace et ennuis physiques entourant la pratique de vos activités hivernales. Reconnaître le problème est déjà un pas vers une bonne prise en charge et vers la guérison. En vous présentant trois de nos clients fictifs, démystifions ensemble différentes causes de douleurs possibles à l’épaule pouvant survenir à tout âge pendant l’hiver.
WILLIAM, le téméraire
William, ado de 15 ans, adore sa première sortie de planche à neige à la montagne. Il trippe tellement qu’il est un peu trop emballé. En atterrissant d’un saut dans un virage brusque, il perd le contrôle et chute sur son épaule en roulant dessus.
Étant donné son âge et le traumatisme subi, faisons ensemble un survol des blessures possibles à son épaule.
La fracture de la clavicule est malheureusement fréquente chez les adolescents lors de chutes ou dans les sports de contact. Il ne faut jamais oublier que les plaques de croissance ferment assez tardivement, une préoccupation chez les ados, et qu’un diagnostic de fracture nécessite la prise d’une radiographie. En cas de déformation visible, il ne faut absolument pas hésiter à consulter. Dans certains cas, une immobilisation avec attelle ne sera pas suffisante. Il faudra l’avis et l’intervention chirurgicale de l’orthopédiste.
Par définition, une entorse est une atteinte d’un ou de plusieurs ligaments à une articulation, causant une élongation sinon une déchirure partielle ou complète. L’entorse acromio-claviculaire se manifeste à cette articulation sur le dessus de l’épaule par de la douleur, des signes inflammatoires et des incapacités. Il peut même y résulter un décalage de l’extrémité de la clavicule vers le haut.
L’articulation de l’épaule est grosso modo une boule dans une cavité. Malheureusement, lorsque certaines conditions sont présentes (hyperlaxité, accident à haute vitesse, activités avec charges ou dans une direction à risque, …), il arrive que la tête humérale (la boule) sorte de la cavité de l’omoplate. Lorsqu’il y a perte de contact totale entre les deux os, on parle de luxation. Il est difficile, voire très peu probable, surtout lors d’un premier épisode, de réussir à réduire l’épaule soi-même (la remettre à sa place). Cela finit régulièrement à l’urgence avec une manœuvre faite par un médecin. Pour toutes ces conditions, une rééducation appropriée en physiothérapie sera par la suite fortement bénéfique.
JEAN-FRANÇOIS, le weekender
Notre ami Jeff, père de famille habituellement bureaucrate sédentaire la semaine, veut profiter de la neige tombée pendant la tempête d’hier. Il décide de participer à la bataille de balles de neige dans le quartier. Fier compétiteur, il abuse de stratégies et de lancers pendant tout l’après-midi. Après la victoire de son clan, il se dépêche de pelleter rapidement son stationnement avec ses enfants, juste avant le souper. Parlant de pelletage, pour ceux désirant connaître les grands principes ergonomiques pour faire cette corvée sécuritairement, je vous réfère à l’article du journal Le Soleil dans lequel notre collègue Renée Bigras dévoile ses secrets. Revenons maintenant à notre ami Jeff, qui s’est réveillé le lendemain matin avec des douleurs à l’épaule et qui nous demande des explications.
On est face ici à une blessure de surutilisation, une maladaptation du corps qui a fait une activité inhabituelle à un volume d’intensité trop élevé. Parmi les blessures possibles, on doit évidemment évoquer le syndrome d’abutement (ou d’accrochage) à l’épaule, un problème mécanique qui perturbe le bon patron de mouvement et qui peut occasionner une irritation d’un tendon (tendinopathie) ou d’une bourse (bursite). En physiothérapie, nous traitons avec succès des gens avec ce genre de blessures de surcharge par mouvements répétitifs.
MICHELINE, la récidiviste
Micheline, nouvellement grand-mère, a l’impression d'avoir perdu de l’équilibre et de l’agilité dans la dernière année, puisqu’elle a un historique de chutes. En faisant sa marche quotidienne ce matin, elle ne s’est pas méfiée de la plaque de glace cachée sous la dernière bordée de neige. Elle a chuté vers l’avant, mais a pu éviter un contact à la tête en se protégeant avec ses mains en tombant.
On se rappelle que le risque de fracture augmente avec l’âge et l’ostéoporose, malheureusement populaire chez la femme ménopausée. Il est donc probable de devoir exclure une fracture de l’épaule, notamment celle de la tête humérale, de la grosse tubérosité ou du tiers proximal de l’humérus. Devant un tel impact, il faut aussi potentiellement considérer une rupture complète de la coiffe des rotateurs: 4 petits tendons, mais drôlement importants, de muscles stabilisateurs à l’épaule. Selon l’âge, le niveau de vie et les besoins fonctionnels, une chirurgie peut être envisagée devant l’évidence d’une rupture complète de la coiffe des rotateurs. Mais peu importe le dénouement, une prise en charge adéquate en physiothérapie optimise sa récupération face aux éventuelles séquelles.
Voilà! Les péripéties de nos 3 amis ne les ont pas empêchés de profiter à nouveau de l’hiver, après une bonne réadaptation! Ne permettez pas aux blessures à l’épaule de freiner vos sorties. À vous d’y aller maintenant... prudemment! :)