Gérer la douleur et les autres symptômes en 8 questions
Publié le : 2025-01-14
par Mathieu Côté, physiothérapeute
En tant que physiothérapeute, il est essentiel d'aider les patients à mieux comprendre les signaux que leur corps leur envoie.
Cette démarche permet non seulement de leur fournir une meilleure compréhension de ces messages, mais aussi de les accompagner plus efficacement tout au long du processus de réadaptation.
Voici un aperçu des réponses que je donne fréquemment à certaines questions courantes posées par mes patients en clinique. Il est important de préciser qu’il ne s’agit pas de conseils personnalisés, mais plutôt de pistes de réflexion à considérer ;)
“Je viens de chuter au sol et j’ai mal. Que dois-je faire?”
D’abord, restez calme, prenez un moment pour bien respirer et évaluer sommairement la situation avant de bouger.-Est-ce que le traumatisme a impliqué la tête? Si oui, restez vigilant dans les jours suivants face à l’éventualité d’une commotion cérébrale et consultez au besoin afin d’établir le diagnostic et la prise en charge.
-Quelle est la région du corps affectée?
-Y a-t-il une douleur intense?
-Y a-t-il une déformation visible du membre impliqué? un gonflement rapide?
-Êtes-vous en mesure de bouger? de mettre du poids? de marcher dessus?
Il existe certains indices nous suggérant qu’une fracture est suspectée ou qu’une vilaine entorse est probable. Dans le moindre doute, évitez de bouger seul et demandez immédiatement de l’aide.
“Je viens de me fouler la cheville et elle est endolorie. Que dois-je faire?”
De nos jours, il y a quelques écoles de pensée quant à la prise en charge optimale des blessures aiguës, notamment sur l’usage ou non des anti-inflammatoires ainsi que la glace.Peu importe notre philosophie de soins, voici quelques points-clés à retenir qui font consensus pour favoriser une saine gestion des blessures aiguës dans les premiers jours:
-Reposez, déchargez et immobilisez au besoin le membre blessé
-Élevez le membre afin de favoriser un drainage vers le coeur en cas d’inflammation
-Comprimez la zone inflammatoire pour mieux la contrôler
-Faites une reprise graduelle de vos activités avec des stimulis bien gradés
-... Et surtout, demeurez optimiste: oui! oui! c’est prouvé scientifiquement que le positivisme contribue à la récupération et à la guérison :)
“Je constate que mon genou est gonflé et craque, mais il est non souffrant quand je joue au tennis. Puis-je poursuivre ou dois-je arrêter la pratique de mon sport?”
Lorsque vous remarquez du gonflement ou que vous entendez des bruits articulaires, il est conseillé de prendre quelques précautions même si vous ne ressentez aucune douleur.Il est recommandé de consulter pour mieux cerner la provenance de ces symptômes. Une fois la source identifiée, surveillez l’évolution des symptômes. Apportez des modifications dans les paramètres de votre activité physique afin de ne pas les aggraver, ou encore mieux, de les faire diminuer.
Gardez surtout une vision globale sur cet enjeu: quels sont les pours et les contres et quelle est la relation coût/bénéfice face à la poursuite ou non de votre sport favori?
Cesser de faire de l’activité physique pour éviter un léger gonflement ou un bruit passager peut souvent causer plus de tort que de bien, en entraînant une perte de tonus musculaire, une diminution de la capacité cardiovasculaire et une baisse du moral.
“Mes jambes sont raides pendant mon yoga, mais je n’ai pas de douleur. Est-ce un problème?”
Sans dire que cette situation est complètement normale, on peut dire qu’elle n’est pas pathologique et qu’elle ne nécessite pas obligatoirement une intervention.La raideur des jambes en l'absence de douleur n’est pas un problème absolu et peut faire partie d’un processus naturel d’adaptation de vos muscles à l’étirement et à l'effort. En continuant une pratique régulière et progressive de votre activité, vous pourrez potentiellement observer une amélioration de votre flexibilité avec le temps.
Quant à la pertinence de débuter un programme d’exercices d’étirements ciblés et personnalisés en fonction de vos objectifs, il peut être judicieux de consulter avant votre physiothérapeute afin de bénéficier de son expertise.
“J’ai mal à l’épaule gauche et j’ai lu sur internet que la douleur à l’épaule gauche peut être un symptôme d’infarctus. Dois-je m’inquiéter et me pointer à l’urgence?”
Depuis 1990, vous pouvez consulter un physiothérapeute en accès direct, sans consulter au préalable un médecin.Notre premier mandat lorsque vous venez nous consulter est avant tout de s’assurer que vous aboutissez dans le bon bureau, que votre problème de santé est d’origine musculosquelettique. Dans le cas contraire, nous vous dirigerons immédiatement vers les bonnes ressources.
Nous établirons par la suite un diagnostic qui tiendra compte de l’ensemble du tableau clinique et non d’un symptôme isolé, comme une douleur à l’épaule gauche.
Nous devons régulièrement considérer en clinique le concept de la douleur référée. Il arrive que la douleur ressentie est à distance, ailleurs qu’à la source du problème. Eh non, le problème n’est pas tout le temps en dessous de notre doigt qui palpe! Ceci nous amène parfois de beaux défis pour officialiser un diagnostic.
Cependant, si vous avez des doutes ou ressentez plusieurs symptômes inquiétants, il est toujours préférable de ne pas prendre de risque et de consulter sans tarder pour vous rassurer.
“Je me suis cogné par mégarde le pouce avec mon marteau. Dois-je mettre quelque chose dessus?”
Lors d’un traumatisme, au-delà de la douleur, il peut survenir des signes inflammatoires, dont un gonflement, une coloration et/ou de la chaleur.La compression est l'un des moyens les plus naturels pour maîtriser le gonflement. L'utilisation d'un bandage ou d'un taping sur la zone blessée peut s'avérer particulièrement utile lors de la phase aiguë inflammatoire.
Si vous décidez d’appliquer de la glace ou de la chaleur, ce sont pour leurs propriétés analgésiques, car leur action anti-inflammatoire n’a pu être formellement prouvée par la science. La glace demeure un choix logique si les signes et symptômes sont trop envahissants.
Quant à la pertinence d’un agent topique comme le Voltaren Emulgel, le conseil le plus avisé est d’en discuter avec votre pharmacien.
“Moi qui avait un sciatique depuis longtemps, la douleur dans la jambe arrière a disparu, mais il est apparu des engourdissements/picotements. Est-ce une bonne nouvelle?”
Dans l’évolution “naturelle” d’une condition de blessure impliquant un nerf:-un nerf irrité ou inflammé fait mal,
-un nerf comprimé légèrement ou récemment fourmille/picote,
-un nerf comprimé sévèrement ou depuis longtemps engourdit.
Les engourdissements/picotements sont des symptômes neurologiques non désirés, il ne faut surtout pas les banaliser. Le but demeure d’en avoir le moins souvent, le moins intensément et le moins longtemps possible pour permettre une saine guérison du nerf et un meilleur pronostic.“Je suis âgé et j’ai de la douleur chronique. Suis-je condamné à subir cette douleur pour le restant de mes jours?”
Non, vous n’êtes pas condamné, peu importe votre âge et votre situation actuelle. Vous avez le droit d’espérer mieux.
Gardons par contre en tête que le potentiel de récupération et l’atteinte d’une condition satisfaisante peuvent différer pour nous tous.
Il peut arriver de devoir réviser nos attentes, de faire certains deuils ou d’envisager la possibilité de séquelles, le mot que l’on n’aime pas entendre…
Avec un accompagnement approprié et des stratégies adaptées, vous pourrez potentiellement améliorer votre confort et votre bien-être. La physiothérapie est une des voies efficaces pour y parvenir, parlez-en à votre physio chez Biokin!