
Les 5 grands paradoxes de la cervico-brachialgie : comprendre et mieux traiter cette névralgie
Publié le : 2025-02-18
par Mathieu Côté, physiothérapeute
La cervico-brachialgie est un problème qui origine du cou, mais dont les symptômes sont ressentis dans le membre supérieur.
Selon l’irritation ou la compression d’un ou plusieurs nerfs au niveau de leurs racines, il peut en résulter des irradiations douloureuses, des fourmillements/picotements ou des engourdissements. Malgré que cette pathologie soit de plus en plus courante, elle demeure sous-estimée et souvent mal comprise.
Voici cinq paradoxes majeurs qui entourent cette condition douloureuse et qui mettent en lumière la nécessité d’une approche thérapeutique adaptée.
1. La sciatalgie est si populaire, mais la brachialgie est si méconnue
Pratiquement tout le monde a déjà entendu parler de la sciatalgie, cette douleur qui part du bas du dos et descend dans la jambe (membre inférieur). En revanche, la cervico-brachialgie, qui suit un schéma similaire en impliquant le cou et le bras (membre supérieur), reste dans l’ombre.Pourquoi cette différence? Probablement parce que la lombalgie et la sciatalgie ont toujours été plus fréquentes, en raison de la forte sollicitation du bas du dos dans nos activités quotidiennes (mouvements répétés et positions soutenues).
Pourtant, de nos jours, les douleurs cervicales sont de plus en plus courantes avec l’augmentation du temps passé devant les écrans et les mauvaises postures. Il est donc crucial de reconnaître la cervico-brachialgie pour mieux la gérer.
Pour imager le tout: une cervico-brachialgie est l’équivalent d’un nerf sciatique coincé dans le bas du dos, mais plutôt dans le cou!
2. Il n’est pas nécessaire d’avoir une douleur ou une raideur au cou pour avoir une brachialgie d’origine cervicale
L’un des paradoxes les plus déroutants est que la douleur au bras peut être d’origine cervicale sans qu’il y ait de symptômes directs au niveau du cou.De nombreux patients consultent pour des douleurs dans l’omoplate, l’épaule, le coude ou la main, sans faire le lien avec leur cou, car Dr Google leur a évoqué la possibilité d’une pseudo-tendinite.
Pourtant, les racines nerveuses cervicales, lorsqu’elles sont comprimées ou irritées, peuvent provoquer des inconforts irradiants et difficiles à définir. Les patients tentent souvent de les décrire en parlant de lourdeurs, de crampes, de brûlures ou de décharges électriques.
Ce phénomène complique souvent le diagnostic et peut mener à des traitements et des prises en charge inappropriés.
3. Les symptômes dans le bras peuvent migrer de façon diffuse et imprévisible au fil du temps
Contrairement à une douleur bien localisée, la cervico-brachialgie peut présenter des symptômes fluctuants et diffus. Une journée, la douleur peut être ressentie au niveau de l’omoplate, puis se transférer vers l’avant-bras ou la main le lendemain. Cette variabilité s’explique par l’implication du système nerveux, qui est fort complexe avec ses connexions et ramifications.Cela peut être déstabilisant pour les patients qui ont l’impression que leur douleur est insaisissable, que leur état empire ou qu’il leur apparaisse un deuxième problème alors qu’il s’agit d’une manifestation sournoise du système nerveux.
Un concept-clé à retenir: Si par exemple une douleur dans le coude se déplace vers le cou (la source du problème), c’est un bon signe de récupération, même si l’intensité est plus forte! À l’inverse, si cette douleur descend vers la main, c’est moins bon signe, même si la douleur est plus faible.
4. Il n’y a pas de corrélation directe entre les résultats aux tests d’imagerie et les symptômes ressentis
Une autre confusion fréquente vient de l’imagerie médicale.Une hernie cervicale visible sur une IRM ne signifie pas obligatoirement qu’elle est responsable des symptômes. Inversement, une personne souffrant de cervico-brachialgie peut présenter une imagerie normale sur les radiographies par exemple.
De plus, il n’existe aucune relation directe entre la nature, la fréquence ainsi que la sévérité des symptômes et les résultats radiologiques.
La prise en charge ne doit pas se limiter à un diagnostic basé uniquement sur l’imagerie, mais plutôt s’appuyer sur un examen clinique approfondi et une compréhension globale de l’histoire du patient.
5. Pour bien soulager la douleur, il ne faut pas seulement s’attaquer à la zone où elle se ressent, mais plutôt traiter la vraie cause en travaillant sur le cou.
Enfin, le plus grand piège dans la prise en charge de la cervico-brachialgie est de se concentrer uniquement sur la zone douloureuse. Beaucoup de patients reçoivent des traitements locaux (massages, mobilisations, anti-inflammatoires topiques, infiltrations) seulement sur le bras et/ou l’omoplate, sans résultats probants.Un traitement efficace contre la cervico-brachialgie devrait inclure des mobilisations et des exercices de stabilisation du cou, des exercices posturaux, des glissements de nerfs et des techniques de relâchement de tension musculaire.
Quoi surveiller et quoi retenir?
La cervico-brachialgie est une pathologie complexe qui nécessite une compréhension approfondie pour être bien traitée. Même si c'est plus rare, certains signes et symptômes peuvent nécessiter une consultation urgente, notamment:
-une faiblesse sévère ou une paralysie d’un ou des 2 bras
-une perte sensorielle importante ou une insensibilité complète dans un ou les 2 bras
-un problème de coordination ou d’agilité des bras, dont la motricité fine des mains
Plutôt que de se fier uniquement à l’imagerie radiologique ou de focaliser sur la zone douloureuse, une approche globale centrée sur le cou et la mécanique du système nerveux est essentielle pour une prise en charge optimale.
Pour toute question relative à la cervico-brachialgie, n’hésitez à consulter ou en discuter avec votre physiothérapeute chez Biokin!